dimanche 18 octobre 2009

Dechets

Les dechets representent un probleme gigantesque en Inde. La croissance demographique et economique engendre une croissance exponentielle de la consommation et donc de la production de dechets.

Les notions d’environnement, de pollution ne sont pas integrees par la plupart des Indiens. Les rues, les routes sont jonchees de detritus de toutes sortes. Les gens jettent tout bonnement leurs papiers, emballages, sacs n’importe ou. Les poubelles sont encore peu nombreuses, et les gens n’ont pas l’habitude de les utiliser. Le plastique se retrouve partout dans la Nature, sous forme de bouteilles, de sachets, de sacs, d’emballages divers ; de plus en plus de canettes rouillent dans les fosses, les (petits) paquets de cigarettes jaune et rouge se fondent difficilement parmi les fourres ; sans parler des sandales et tongs qui terminent leurs jours sur les bas-cotes.
Malgre des spots d’informations, d’appels a la population pour une prise de conscience, de la part d’acteurs, de politiciens, de personnes celebres, dans les faits, rien n’est fait. J’en ai parle a plusieurs personnes, mais elles semblent defaitistes ; il faudra plus d‘une genration pour changer les mentalites ; aujourd’hui, les gens n’y pretent guere attention. Je conviens que beaucoup ont d’autres chats a fouetter, mais il s’agit de gestes simples : deposer ses dechets dans les poubelles, ne pas les balancer n’importe ou.
Une experience m’avait choquee lors de mon sejour au Viet Nam il y a 10 ans. Mon premier sejour hors de ce milieu protege qu’est l’Europe. Nous voyagions en train, pour nous rendre de Hanoi, la capitale, au Nord, a Hue, ancienne capitale imperiale, au centre du pays. Un voyage de plusieurs heures.
Le soir, chacun se voit servir un plateau-repas. Mon diner termine, j’empile bien sur mon plateau assiette, couverts, dechets, pour faciliter la tache de la personne chargee de debarasser. Une femme arrive, prend mon plateau... et la, ahurissement : elle balance le tout par la fenetre ! Je reste coite plusieurs secondes. Puis je regarde par la fenetre : tout au long de la voie de chemin de fer s’etale un alignement de plateaux, de vaisselles en plastique et de dechets de toutes sortes. Une horreur, un vrai choc pour moi.

Auroville possede un service de tri des dechets (Eco Service). Tout ce qui est recyclable est revendu. Le reste part pour la decharge. Ce n’est pas encore parfait, mais ce n’est pas comparable a la production de dechets de la ville de Pondicherry voisine, qui engendre un serieux probleme pour Auroville egalement : 350 tonnes par jour, qui ne sont ni triees,ni recyclees. Ces dechets sont juste deposes sur des terrains a ciel ouvert.

Vendredi, B et moi avons parcouru le canyon qui se situe au sud d’Auroville, pres de la communaute de Forecomers, l’une des plus anciennes de la ville. Le fond de ce canyon etait totalement aride dans les annees 1960, les premiers Auroviliens y ont plante des milliers d‘arbres.
A cette epoque de l’annee, la vegetation y est encore dense, laissant juste un passage pour les aventureux, abrites du soleil brulant. Dans quelques jours (ou semaines), la mousson deferlera, recouvrant ces arbres et buissons de metres cubes d‘eau.
C’est un lieu calme, isole, vert et jaune, qui s’etend sur quelques metres de large, au pied de parois rocheuses rouges de plusieurs milliers d‘annees. En se durcissant, la terre a emprisonne des vers ancestraux. Des oiseaux chantent.
Alors, quel choc quand, après plusieurs kilometres de promenade dans cet endroit sauvage, on gravit la paroi sud et qu’on se retrouve au milieu dune des decharges de Pondicherry.
Des hectares de terre vierge destines a recevoir de plus en plus de dechets.

On se rapproche de l’aire actuelle de depot. La, quelques hommes fouissent un amoncellement d’ordures, a la recherche de materiaux pouvant etre revendus. C‘est leur mode de survie. Derriere eux emerge un nuage de fumee ; quoi de plus simple que de bruler ce qu’on souhaite faire disparaitre ?
Une veritable vision d’enfer.

Une vache tente elle aussi de trouver de quoi survivre. Son lait est certainement consomme par la famille qui s’est installee au plus pres de la decharge, sous un abri de fortune.

Nous avons vu au moins deux enfants, dont un en bas age.
Des detritus sont ainsi repandus chaque jour, polluant l’environnement, l’eau, l’air, le sol, le lait de cette vache,...
Jusqu’a ce qu’ils soient enfouis sous une epaisseur de terre. Alors, plus rien n’y parait, le terrain ressemble a une piste d’atterrissage, parfaitement nivelee. Ca tombe bien, l’aeroport voisin a l’intention de s’etendre...

Seule une prise de conscience generale peut nous faire sortir de ce cercle vicieux de consommation-production de dechets. La Terre ne peut pas supporter tant de detritus. On ne peut pas revenir en arriere, mais on peut au moins limiter les degats. A chacun de balayer devant sa porte, comme on dit...

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