Ce premier séminaire était consacré à l’architecture durable.
Comment faire en sorte que l’architecture, utilisant des techniques modernes, s’intègre harmonieusement dans l’espace, ne porte qu’une empreinte minime sur l’environnement, participe aux économies d’énergie, tout en répondant à la demande de confort de ses (futurs) habitants ?
Auroville se veut ville universelle, durable, integrée dans la Nature, écologique. Ce doit etre l’une des principales préoccupations des architectes : construire de manière durable.
Mais s’il est dépaysant de vivre dans une hutte pendant quelques semaines ou quelques mois, ce n’est pas satisfaisant à long terme. Et une architecture qui ne satisfait pas les besoins de confort (sans parler de confort ultra-matérialiste), de bien-être de ses habitants ne sera pas durable.
En regardant l’architecture traditionelle, on peut deja beaucoup apprendre. Les maisons anciennes ont tres souvent ete construites avec ces materiaux locaux, et sont adaptees au climat local.
Mais aujourd’hui, il faut aller plus loin.
Il faut penser faible consommation d’énergie pour la construction, récupération des eaux de pluie et traitement des eaux grises, production d’énergie (électricité, gaz)...
La terre est un merveilleux matériau, présent partout. Satprem Maini, architecte français, détenteur d’une chaire de l’Unesco pour l’Architecture en terre (“Earthen Architecture”), Représentant du BASIN (Building Advisory Service and Information Network) pour l’Asie du Sud, également Directeur de l’Institut de la Terre (“Earth Institute”) d’Auroville, nous a fait une présentation des possibilités de construction en terre, de ce qui se fait à travers le globe (constructions traditionnelles et modernes) et de son travail.
La construction en terre comme il l’a pratique consiste en l’utilisation de briques de terre compressée et stabilisée (Compressed Stabilised Earth Blocks ou CSEB). Ils integrent 4 % de ciment. Pas de cuisson, donc une consommation d’énergie faible (4 fois inférieure à celle de briques conventionnelles). Un bâtiment ainsi bâti émet 4 fois moins de dioxyde de carbone qu’une construction conventionnelle.
D’autre part, la terre est utilisée pour les finitions, sur les façades et à l’intérieur.
Un immeuble en construction à Auroville (Luminosity) sera entièrement autonome en eau. Deux tanks souterrains, chacun d’une contenance de 250000 litres récupèreront l’eau de pluie, utilisée pour les sanitaires, le ménage, la vaisselle... Trois bassins de phytofiltration traiteront les eaux grises, offrant une eau potable, réinjectée dans le circuit, grâce à une pompe à moulin à vent.
Les panneaux solaires fourniront l’énergie.
Realization, communauté en construction, est un projet de 17 appartements. Il comporte :
- CSEB et terre stabilisee des fondations jusqu’au toit
- Récupération de l’eau
- Système biologique de traitement des eaux
- Tunnel terrestre pour une climatisation naturelle de l’air (en gros, un tunnel passe sous terre à une profondeur où la température n’est que de 27 degrés. L’air propulse de l’extérieur, où la température atteint plus de 40 degrés, est ainsi refroidi par ce passage souterrain, avant de remonter dans les habitations avec une température de quelque 10 degrés inférieure à la température extérieure)
Au sujet de la climatisation, ici les ventilateurs ont leur place partout. La recherche d’une climatisation moins consommatrice d’énergie, comme celle indiquée ci-dessus, est à l’ordre du jour.
On peut jouer sur la sensation de chaud. Ici, le taux d’humidité atteint 70-80 %, donc la sensation de chaleur est plus forte que si l’air était sec. Donc une idée est d’abord de diminuer le taux d’humidité à l’intérieur des habitations. Il faut maintenant resoudre le probleme du systeme, qui devra consommer moins d’energie que les ventilateurs.
Tous les bâtiments, publics et privés, devraient avoir des toilettes sèches par exemple. Quelle absurdité de consommer tant d’eau (potable en Europe et les autres pays dits développés) pour les toilettes !
Les toilettes sèches fonctionnent très bien, ne demandent que peu d’entretien si elles sont bien pensées, ne sentent pas si elles sont correctement utilisées (juste penser à répandre de la sciure à chaque passage), et en plus fournissent un excellent compost ou du biogaz, éventuellement fournisseur d’énergie. Ici, des toilettes utilisées par 25 personnes permettent de faire fonctionner le réchaud d’une communauté.
De nombreux facteurs sont à prendre en compte : humains, environnementaux, psychiques, comportementaux, systemiques, etc, a la fois d’un point de vue individuel et collectif (matériaux locaux disponibles, climat, terrain, main d’œuvre, confort,...).
Un ami a moi projette de construire sa maison en utilisant les dechets menagers, dont personne ne sait trop que faire. Deux problemes resolus a la fois : celui du logement, qui fait defaut, et celui des dechets.
Ces systemes ne sont que des exemples parmi tous ceux existants (energie eolienne, geothermie en sont d'autres). Et de nouvelles idees naissent chaque jour.
Ainsi, de nombreuses techniques existent. La volonté est là aussi. Il manque parfois la concertation, l’échange de savoir et de savoir-faire. De meme a l'echelle mondiale.
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