lundi 21 septembre 2009

Route Chennai-Pondicherry

Le trajet en bus de Chennai à Pondicherry est en soi expérience inoubliable.

Le décor : un bus, entièrement violet à l’intérieur (le kitch est une tendance très populaire ici), de la musique pop sortant de la radio, quelques couples et familles, un groupe de jeunes vêtus à l’occidentale…

Lorsque l’on quitte la gare routière de Chennai, à l’heure (je précise car la ponctualité ne caractérise pas spécialement les Indiens, mais on s'y fait ; de toute fa çon, rien ne sert de s'énerver), le bus est loin d’être plein ; j’ai donc la possibilité d’occuper 2 fauteuils, l’un nécessaire à gros sac à dos. Mais en fait, on ramasse plein de passagers tout au long du chemin, et tous les sièges sont occupés avant qu’on ait quitté la ville. J’ai donc rapidement dû me faire une raison : mes sacs et moi devons nous serrer ! Le gros sous les pieds, l’autre sur les genoux… C’est parfois très utile d’être souple !

Mais ça ne s’arrête pas là pour autant : on continue à embarquer des gens dans les villages que l’on traverse, sur le bord de la route, jusqu’à ce que le bus soit vraiment plein à craquer : les derniers montés doivent donc voyager debout dans l’allée centrale, serrés les uns contre les autres, brinqueballés de droite à gauche. Mais ce n’est pas fini !! Des hommes s’accrochent à la carrosserie, à l’extérieur ; je ne sais pas trop où ils posent leurs pieds, ni comment ils font pour tenir ainsi pendant des kilomètres, mais ils semblent coutumiers du fait. Quant à savoir s’ils paient le même tarif qu’ à l’intérieur… Dès qu’on s’arrête, tous lâchent, puis se raccrochent au signal de départ.

Certains villages semblent tout droit sortis du livre que j’ai apporté avec moi, intitulé Viramma – Une vie paria, que je recommande au passage, pour qui veut plonger dans la vie villageoise d’une communauté d’Intouchables et en savoir plus sur l’Inde, ses traditions, ses castes (légalement abolies, mais encore fortement ancrées dans certains esprits, ses modes de vie.

A certains arrêts, quelques personnes descendent. On pense « Ouf ! On va pouvoir respirer un peu… » Mais non : il y en a autant, voire plus, qui montent à bord !!! Des enfants pleurent (pauvres petits, vraiment), des femmes déposent leurs sacs sur les genoux de ma voisine, qu’elles ne connaissent ni d’Eve ni d’Adam, et sans leur demander son avis d’ailleurs, les autres prennent leur mal en patience.

Moi, j’ai quelques fourmis dans les jambes… Mais la situation est plutôt drôle. J’avoue que je ne l’aurais peut-être pas pris de la même façon si le trajet avait duré 10 heures (en 4 heures, on appréhende déjà bien ce mode de transport).

En fait, c’est comme à Madagascar, sans les bagages et la volaille sur le toit… Tant qu’on peut en mettre, on en met. Rentabilité avant tout.

Pour ceux que la promiscuité effraie, je vous rassure : en payant (bien) plus cher, vous avez un bus dont le nombre de passagers correspond au nombre de voyageurs, et éventuellement avec A/C (air conditionné).


Et pourtant, le passager n’est pas le plus à plaindre, car il est un personnage dont je n’ai pas parlé.

Le chauffeur ? Non, lui, il conduit son bus, avec l’extrême vigilance que cela exige (pensez trafic très dense, circulation anarchique, chaussée parsemée de nids-de-poule), et il ne se préoccupe de rien d’autre (c’est déjà beaucoup).

Non, il s’agit du vendeur de tickets. Et oui ! Parce que vous pensez bien que les gens n’ont pas la possibilité de payer leur place avant de monter. Alors, à chaque arrêt, cet homme doit repérer les nouveaux passagers, montés par l’une des deux portes, situées à l’avant et à l’arrière du bus et les atteindre pour leur vendre un ticket. Imaginez-vous faire des allers-retours dans un bus plein à craquer, parmi des gens dégoulinant de sueur… Et il y a ceux accrochés dehors. C’est aussi lui qui signale au chauffeur quand s’arrêter et quand repartir, avec un sifflet comme moyen de communication. Il décide ainsi parfois de prolonger la halte, le temps de s’assurer que la nouvelle moisson, abondante, est bien en règle.

Imperturbable, il prend même le temps de bavarder avec des voyageurs.

Soulagement quand on arrive à destination, une nouvelle aventure commence.

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